Axes scientifiques

AXE 1 - Bâtiment et durabilité : quelles conceptions ?

Animation : M. Dubois - Université Laval- Quebec et M. Méquignon - LERASS

Au fil de l’Histoire, l’architecture s’est affirmée comme puissance symbolique qui la distingue des autres productions humaines destinées à un usage quotidien. Qu’il s’agisse d’architecture magnifiée ou d’architecture vernaculaire, les bâtiments ont toujours rempli une fonction symbolique au moins aussi importante que la fonction d’usage à laquelle ils répondaient. En relevant des défis toujours plus grands, la technique a permis la production de ces édifices porteurs autant de messages que de symboles.  Aujourd’hui, sous les contraintes nécessaires du développement durable, les objectifs clairement affichés que l’on assigne aux bâtiments concernent leurs performances environnementales. Souvent, sans avoir attendu les résultats de la recherche scientifique, media et politiques fixent les objectifs et articulent les politiques. Par exemple, au travers de la nécessaire approche en cycle de vie, mais sans aborder réellement la difficile question de l’impact de la durée de vie, ils contribuent largement aux caractéristiques de la production des bâtiments. Or, le bâti et l’habiter supposent une étroite osmose entre deux volets d’une même problématique. La perspective que nous fixons à cet axe doit permettre de renseigner les questions suivantes :

  • Comment les bâtiments peuvent-ils garder leur valeur symbolique au delà des performances techniques et des contradictions que nous leur imposons aujourd’hui ?
  • Comment articuler et réticuler sciences, techniques et sociétés dans la nécessité de fonder le bâti sur une conception de l’habiter ?
  • Dans quelle mesure sciences et techniques sont- elles capables de s’approprier des problématiques autres que les leurs ?
  • Aujourd’hui, n’accorde-t-on une importance excessive à la vision technicienne au détriment de la prise en compte des approches sociétales dont le bâti peut et doit se nourrir ?

 

AXE 2 -  Normalisation et ville durable  : quelles garanties ?

Animation : G. Zissis – LAPLACE et J-P Mignot- LERASS

Le développement durable, d’un point de vue pratique, constitue par définition un système normatif : la durabilité d’un système est en effet strictement dépendant des normes qui président à son établissement. Dans ces conditions, la construction de la ville durable s’inscrit dans une démarche dans laquelle la certification sous la forme de normes établies à cet effet joue un rôle essentiel. Ainsi, les acteurs ou agents  qui portent la ville durable s’appuient sur une systématisation des dispositifs de durabilité dûment normalisés pour encadrer la production de cette même ville. Face à cette systématisation des dispositifs de durabilité, la dérive technocratique dans laquelle s’inscrit ce dispositif souligne que les implications dans une démarche de développement durable ne sauraient se réduire à un quelconque processus de labellisation. En effet, sur le plan technique, la norme s’impose généralement dans des cas bien spécifiques (changement d’équipements, éclairage public, incitation à des modifications de comportements, etc.) sans forcément bien mesurer les conséquences de son application. Ainsi, la normalisation technique de la société peut aboutir à des effets totalement opposés à ceux qui étaient initialement recherchés. Nous proposons donc dans le cadre de cet axe de mettre en avant à la fois les problèmes liés au statut épistémique de la norme en même le temps que les conditions d’application qui sont susceptibles de permettre la reconnaissance d’une démarche conforme aux différents critères du développement durable.

Dès lors, nous attendons des réponses aux questions suivantes :

  • Les normes telles qu’elles sont fondées et établies sont-elles une garantie de durabilité ?
  • Les expertises techniques et scientifiques  vont-elles asseoir de façon définitive ces mêmes contraintes et en assurer la pérennité ?
  • Les normes répondent-elles sur le plan de la société aux fonctions qui leur sont assignées sur le plan technique ?
  • Enfin, dans ce cas également, comment articuler approches scientifique, technique et sociétale ?

 

AXE 3 - Ville intelligente  et durabilité : quelles performances ?

 Animation : M-P. Gleizes - IRIT, H. Ait Haddou - LIFAM et L. Teresi LERASS

Prolongement de la ville durable, la ville intelligente se présente comme une réponse nouvelle, ou les technologies de l'information sont appelées à apporter une contribution majeure à  l'amélioration de la gestion de différents flux (énergie, eau, transports) ou des risques (pollution), à  la  question complexe de la gestion et du développement de l'espace urbain. Constituée autour d'un système de connaissance reposant sur une collecte massive d'informations, le pilotage de ces différents réseaux sera assuré au travers de modèles informatiques sophistiqués sur lesquels les administrateurs devraient s'appuyer « pour prendre des décisions efficaces ». Une telle configuration suscite de nombreuses interrogations et le spectre de "big brother/data"  n’est pas loin. La problématique de cet axe se prolonge autour des questions suivantes :

  • Quelle efficacité pour les dispositifs technologiques alors que l'intégration, technique, managériale ou juridique de ces réseaux n'est pas encore réalisée et quels sont les obstacles qui s'opposent à cette convergence ?
  • Quels sont les apports réels (et les limites) en terme de connaissance du milieu urbain de ces dispositifs de collecte et d'analyse de l'information ?
  • L'espace public et les espaces privés étant complètement investis par les TIC, quelles sont les garanties (techniques ou sociales) qui seront apportées aux individus et quelle sera leur efficacité ?
  • La pertinence de la prise de décision étant l'une des justifications principales de la ville intelligente, quelle sera la place de la participation citoyenne ?
  • La mise en place d'un système d'information centralisé et la multiplication des données (mais pas de l'information ni de la connaissance) ne sont pas propices au développement d'une telle participation. Peut-il y avoir une place pour la participation citoyenne dans ce schéma ?
  • La ville intelligence ne sanctionne-t-elle pas le passage d'une société disciplinaire à une société de contrôle ou les dispositifs technologiques constitueront les principaux vecteurs d'une normalisation incontestable (parce qu'elle reposerait sur le chiffre) dans des sociétés particulièrement divisées ?

 

AXE 4  - Construction de la ville durable:  quelles citoyennetés ?

Animation : Haoues-jouve- LISST , L. Zambrano -UFJF , Youcef Aissani - LERASS

La citoyenneté procède d'une participation à la vie publique, autant dans le registre de la consommation partagée que dans celui de la création du lien social, qui pourraient (re)définir la notion de quartier durable. Elle réclame une transparence certaine sur les enjeux majeurs des choix techniques qui nous sont imposés par les gouvernants, afin de permettre aux habitants-citoyens d'adhérer aux changements attendus et de se les approprier. Or la mise en réalité de ces changements par la  puissance citoyenne semble bien plus convaincante que n'importe quelle loi ou norme parachutées par le politique. 

 

  • Dans quelle mesure la ville durable fait de nous (usagers, professionnels, chercheurs, etc.) des citoyens ?
  • Comment combiner l’émancipation et l’aspiration à l’autonomie des citadins avec l’injonction concernant les générations futures ?
  • Les exigences en termes de connaissances qu’induit une approche durable de la ville risquent-elles de rendre les habitants incompétents ?
  • La ville considérée comme écosystème urbain globalise son appréhension ("penser global"), mais fragmente son traitement sur une multitude de secteurs et d’acteurs spécialisés (logistique, déchets, data, etc.).
  • Comment s’effectuent les rapprochements entre ces deux échelles et quels rapports entretiennent-elles avec l’expérience urbaine ?

 On le voit, construire de la ville durable ou en transition implique de prendre la mesure de la place et du rôle qu’elle donne à chacun des acteurs et de leur capacité à les interroger et à les transformer.

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